Mesure centrale du Plan Périnatalité 2005-2007, l’entretien du 1er trimestre de la grossesse peut être considéré comme un pont entre deux cultures qui jusqu’alors se chevauchaient insuffisamment : l’objectivité nécessaire de la médecine organique, la subjectivité porte d’entrée au registre émotionnel.
Les arguments scientifiques ne manquent pas pour une approche intégrée de l’ensemble des données biologiques, émotionnelles, environnementales si l’on veut donner à l’enfant toutes ses chances de développement harmonieux.
L’entretien du 1er trimestre ne remplira son rôle que s’il est considéré par l’ensemble des acteurs de la périnatalité comme un « outil pour tous », dans un esprit d’étroite collaboration de la grossesse à la petite enfance, afin d’offrir aux parents et enfants vulnérables « l’enveloppe humaine » adaptée à leur sensibilité, leurs éventuels besoins d’étayage – et ce, avant que n’apparaissent les effets des décalages entre ces besoins et les réponses apportées par les représentants des diverses disciplines concernées (obstétrique, pédiatrie, médecine générale, médico-sociale, psychologique et psychiatrique).
L’offre aux parents d’une écoute attentive de leurs attentes et questions, le recueil précoce des facteurs de stress, ne devraient pas être considérés comme un acte « à part », mais la porte d’entrée à une réintégration nécessaire de la dimension affective dans le processus humain qu’est la naissance, donnant son plein sens à une démarche attentive de prévention, à l’opposé de toute stigmatisation.
Ce nouvel acte médical, placé sous la responsabilité des sages-femmes, des gynécologues-obstétriciens, des médecins généralistes, méritait une réflexion approfondie et un accompagnement étroit dans sa mise en route, car il s’agit bien d’un changement de culture, tant au sein de la médecine que du champ de la « santé mentale ». La Direction Générale de la Santé a eu le souci d’offrir aux professionnels qui mèneront l’entretien, mais aussi l’ensemble des acteurs, un cadre d’exercice pour une meilleure mise en route, parallèlement aux recommandations de la Haute Autorité de Santé.
Réflexion, débat, rencontre, respect mutuel, suivi, doivent marquer l’esprit des formations à l’entretien du 1er trimestre, au-delà des dérives que pourrait entraîner une mesure qui touche à l’intimité des familles, mais aussi aux identités professionnelles.
La proposition ci-après d’un « cadre de formation » à l’entretien du 1er trimestre a été voulue suffisamment souple pour préserver la créativité des terrains, s’appuyant sur les instances en place sur chaque site, reliée aux Réseaux périnatals dans son implantation et sa dynamique interprofessionnelle.
Une réévaluation régulière au cours des premières années de mise en place s’impose, qui s’enrichira de l’expérience acquise par l’ensemble des acteurs de la périnatalité et par les parents eux-mêmes.
Référentiel de formation à l’entretien prénatal du premier trimestre